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Le contrat de professionnalisation n’est pas intéressant pour les entreprises

Je suis issu de l’alternance : j’ai passé mon BTS informatique de gestion avec cette filière et malgré un a priori initial partagé par une grande partie de la population je pense, j’en suis ressorti formé ET expérimenté. Cela m’a permis de me distinguer positivement lors de mes recherches d’emploi et bien sur a donné à cette formation un intérêt bien plus grand que si je n’avais eu que des cours et un petit stage.

Je suis donc positivement POUR l’alternance. Mais, « à mon époque » (1999-2000), je touchais 30% du SMIC soit environ 2000 F (300 €) par mois. C’était déjà pas mal, je n’avais pas à me plaindre. Bien sur je vivais chez mes parents et n’était pas autonome.

Aujourd’hui, lorsqu’un jeune postule chez nous pour de l’alternance, c’est toujours avec un contrat de professionnalisation. Selon l’âge et la qualification de la personne, il faut le rémunérer au minimum entre 70% et 80% du SMIC, et jusqu’à presque 140% pour des études supérieures, pour un mi-temps ! Aucune aide complémentaire n’est proposée (sauf si il a plus de 45 ans ou si il est handicapé, ce qui peut arriver mais on cherche plutôt des jeunes et nous n’avons jamais reçu de candidature d’une personne à mobilité réduite). En fait, c’est le jeune qui est fortement incité à s’orienter vers l’alternance, c’est bien. Il gagnera peut-être suffisamment pour être autonome, tant mieux. Mais c’est au détriment de l’entreprise.

Bon je vais faire un calcul volontairement simpliste et inexact :
Entre un jeune à former présent à mi-temps payé 1300 € bruts, et une personne compétente et expérimentée présente à plein temps payée 2600 € bruts, franchement vous choisissez quoi ?
(Les charges patronales sont réduites pour le jeune avec la réduction Fillon certes).

Le contrat d’apprentissage reste plus intéressant mais peu proposé (en informatique du moins) et va, d’après mon comptable, se faire saigner dans les prochains mois sur les aides.

Conclusion : l’état nous bassine avec sa volonté de pousser l’alternance. C’est une très bonne chose, je suis d’accord, foncez !!! Mais aujourd’hui les entreprises n’ont pas intérêt à choisir un contrat de professionnalisation.

Dans ce cadre de formation, l’entreprise assure une partie non négligeable de la montée en compétence du jeune, cela demande un fort investissement en temps, sur plusieurs mois voire années. Elle ne bénéficie d’aucun soutient pour cette action, et l’argument « vous pourrez ensuite engager une personne déjà formée à l’entreprise » n’est pas suffisant.

Je suis persuadé que ce mode de formation a un impact fort sur l’emploi en général, et profite donc au système : moins de chômage, plus de compétences, plus de valeurs. Le système doit donc encourager ce mode de formation non pas par la pub ou des belles paroles philosophiques, mais par des actions incitatives.

Discussion à suivre avec les commentaires.

1 Comment

  1. Stéphane Roze

    Je dois hélas faire le même constat que vous. Je suis employeur dans l’informatique et le contrat de professionalisation n’a aucun intérêt économique. Le coût est bien trop élevé (en l’occurence 18 000 pour un jeune de 21 ans payé 85% du SMIC) qui ne sera présent en entreprise que 5 mois et 3 semaines (2 jours par semaine en entreprise + les vacances scolaires – 5 semaines de congés). Où est donc la logique dans tout cela ? Jamais, comme vous le dites on a pu constater un tel écart entre les slogans et la réalité. Seul le contrat d’apprentissage est intéressant, notamment pour les entreprises de moins de 11 salariés. Le coût revient alors à 7500 €. Un delta injustifiable à mon avis.